Stefan Zweig Quote

La pression des nationaux-socialistes commençait peu à peu à délabrer les nerfs des milieux cléricaux et bourgeois ; ils sentaient de plus en plus l’insistance subversive de l’impatiente Allemagne, qui leur serrait aussi la vis dans le domaine de l’économie. Le gouvernement Dollfuss, qui voulait conserver une Autriche indépendante et la préserver de Hitler, cherchait de plus en plus désespérément un dernier appui. La France et l’Angleterre étaient trop éloignées et au fond trop indifférentes, la Tchécoslovaquie était encore pleine de sa vieille rancune et de sa rivalité à l’égard de Vienne, si bien qu’il ne restait que l’Italie, qui s’efforçait alors d’étendre sur l’Autriche son protectorat économique et politique, afin de s’assurer les passages des Alpes et Trieste. Pour cette protection, Mussolini réclamait toutefois un très haut prix. L’Autriche devait s’adapter aux tendances fascistes, le Parlement, et par là même la démocratie devaient être liquidés. Cela n’était possible que si l’on écartait ou privait de ses droits le parti social-démocrate, le plus fort et le mieux organisé d’Autriche. Pour le briser, il n’y avait point d’autre moyen que la force brutale. En vue de cette action terroriste, le prédécesseur de Dollfuss, Ignaz Seipel, avait déjà créé une organisation, la Heimwehr69. Vue du dehors, elle offrait à peu près la plus pitoyable des apparences, elle était formée de petits avocats de province, d’officiers licenciés, d’ingénieurs sans travail, de toutes les médiocrités déçues, qui se haïssaient furieusement

Stefan Zweig

La pression des nationaux-socialistes commençait peu à peu à délabrer les nerfs des milieux cléricaux et bourgeois ; ils sentaient de plus en plus l’insistance subversive de l’impatiente Allemagne, qui leur serrait aussi la vis dans le domaine de l’économie. Le gouvernement Dollfuss, qui voulait conserver une Autriche indépendante et la préserver de Hitler, cherchait de plus en plus désespérément un dernier appui. La France et l’Angleterre étaient trop éloignées et au fond trop indifférentes, la Tchécoslovaquie était encore pleine de sa vieille rancune et de sa rivalité à l’égard de Vienne, si bien qu’il ne restait que l’Italie, qui s’efforçait alors d’étendre sur l’Autriche son protectorat économique et politique, afin de s’assurer les passages des Alpes et Trieste. Pour cette protection, Mussolini réclamait toutefois un très haut prix. L’Autriche devait s’adapter aux tendances fascistes, le Parlement, et par là même la démocratie devaient être liquidés. Cela n’était possible que si l’on écartait ou privait de ses droits le parti social-démocrate, le plus fort et le mieux organisé d’Autriche. Pour le briser, il n’y avait point d’autre moyen que la force brutale. En vue de cette action terroriste, le prédécesseur de Dollfuss, Ignaz Seipel, avait déjà créé une organisation, la Heimwehr69. Vue du dehors, elle offrait à peu près la plus pitoyable des apparences, elle était formée de petits avocats de province, d’officiers licenciés, d’ingénieurs sans travail, de toutes les médiocrités déçues, qui se haïssaient furieusement

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About Stefan Zweig

Stefan Zweig (; German: [ˈʃtɛ.fan t͡svaɪ̯k] ; 28 November 1881 – 22 February 1942) was an Austrian writer. At the height of his literary career, in the 1920s and 1930s, he was one of the most widely translated and popular writers in the world.
Zweig was raised in Vienna, Austria-Hungary. He wrote historical studies of famous literary figures, such as Honoré de Balzac, Charles Dickens, and Fyodor Dostoevsky in Drei Meister (1920; Three Masters), and decisive historical events in Decisive Moments in History (1927). He wrote biographies of Joseph Fouché (1929), Mary Stuart (1935) and Marie Antoinette (Marie Antoinette: The Portrait of an Average Woman, 1932), among others. Zweig's best-known fiction includes Letter from an Unknown Woman (1922), Amok (1922), Fear (1925), Confusion of Feelings (1927), Twenty-Four Hours in the Life of a Woman (1927), the psychological novel Ungeduld des Herzens (Beware of Pity, 1939), and The Royal Game (1941).
In 1934, as a result of the Nazi Party's rise in Germany and the establishment of the Standestaat regime in Austria, Zweig emigrated to England and then, in 1940, moved briefly to New York and then to Brazil, where he settled. In his final years, he would declare himself in love with the country, writing about it in the book Brazil, Land of the Future. Nonetheless, as the years passed Zweig became increasingly disillusioned and despairing at the future of Europe, and he and his wife Lotte were found dead of a barbiturate overdose in their house in Petrópolis on 23 February 1942; they had died the previous day. His work has been the basis for several film adaptations. Zweig's memoir, Die Welt von Gestern (The World of Yesterday, 1942), is noted for its description of life during the waning years of the Austro-Hungarian Empire under Franz Joseph I and has been called the most famous book on the Habsburg Empire.